Ile Langue, Ile Langue
Une île parmi des illusions
Je ne vis pas seulement sur une île
Je vis sur une île aussi
Un rocher parmi tant
Parmi tant d’îles
Qui foisonnent au ventre d’un seul volcan
Comme autant de terres isolées
De l’écart que savent creuser seulement les océans
Je vis sur une île
Une île parmi tant d’autres
Autour desquelles la mer gronde
A chaque vague impression
Que le sol tremble
Comme au temps de jadis
Où la peur s’est effrayée un chemin jusqu’au dedans, là.
Je vis sur une île d’un archipel
Il en existe sur mon île
Autant que dans un océan entier de bleus
Vagues à l’âme, des îles, désillusions
Noyées dans le charme
D’un paysage en cascades
Éparpillées parmi des océans de différentes natures
Parce que mon île n’est pas une île seulement.
Mon île est aussi un océan.
Un océan peuplé d’îles
Éloignées de mon île à moi
Par des bras de mers déchaînés
Par des langues de terres désolées
Balayés par les courants
Nos chemins tracés nous séparent parfois
Nos sentiers battus nous battent à terre
Dehors est une mer à boire souvent
Il y a sur mon île
Mille autres îles que j’ignore
Que je devine seulement
Au fond de mon sang qui se retire
Chaque fois que les Hommes
Enterrent leurs trésors, vivants
Chaque fois que les Hommes
Déterrent leurs rancœurs, mémoire vive.
Chaque fois que l’on crache à la terre
Des mots houleux que l’on écume.
Il existe une géographie
Des falaises abruptes
Des forêts primaires
Des océans en tempêtes
Des caps sans phares
Et des détresses sans cris
Autour de nos îles qui n’en font qu’une
Île océan qui sépare et unit dans un même bateau
Ceux que les bateaux ont chargé jusque-là.
Mon île sont des îles
Souvenir du temps d’avant
Où la liberté était une montagne
Qui s’atteignait la mort dans l’âme
A la recherche impérieuse de la vie
Ce temps où la maison d’à coté
Était séparée de son île à soi
Par un monde entier
Plus vaste que la Terre, Frontières.
Voilà d’où j’écris.
D’un rocher parmi tant d’autres
Plongé au beau milieu d’une île
D’une île comme un océan
Où bourgeonnent des profondeurs
Des îles par milliers
Qui se rejoignent seulement
Par des gouffres de mers déchainées
Ou des oiseaux du hasards.
La Réunion.